samedi 18 avril 2015

Entamer une collection d’art ou comment bien acheter une œuvre

Acheter une œuvre d’art n’est pas un acte anodin. Si le premier conseil reste avant tout d’écouter son coup de cœur, celui-ci doit être tempéré par quelques réflexes ou questionnement.

Tout acte d’achat emporte une prise de risque plus ou moins importante : œuvres volées, pillées, spoliées, exportations illégales, faux… L’actualité illustre régulièrement chacun de ces points qui constituent autant de pièges à éviter… si possible.

Après un coup de cœur, il s’agit d’enquêter sur l’artiste et – surtout – l’œuvre afin de déterminer son « pédigrée ». Souvent, le vendeur professionnel lui-même sera d’une grande utilité puisqu’il connait l’objet qu’il propose de vendre et son origine. D’un point de vue légal, l’obligation d’information repose d’ailleurs sur ses épaules.

Avant toute démarche, le premier élément à examiner est l’œuvre en elle-même. Il ne s’agit pas ici de savoir si elle est authentique (souhaitée par essence), mais plutôt d’évaluer les démarches potentielles à accomplir. Si l’on est face à une œuvre contemporaine, le risque est intrinsèquement plus réduit que pour des antiquités. Souvent, l’artiste est encore vivant. En cas de doute quelconque sur l’oeuvre, il peut facilement être interrogé ou, en tous les cas, un proche tel qu’un héritier qui exploiterait encore les droits d’auteur.

Le due dilligence

Le terme « due dilligence » nous vient des juristes anglo-saxons actifs en droit des affaires. Avant une opération d’achat (par exemple le rachat d’une société, il s’agit de mettre en œuvre un audit, plus ou moins approfondi selon les circonstances, visant à mettre à jour toute information ou tout élément susceptible d’influencer la valeur de la société. Appliqué au monde de l’art, il s’agit de récolter toute information utile concernant l’artiste et l’objet convoité qui serait susceptible d’influencer à la hausse ou la baisse la valeur du bien.

Il n’existe pas de règle afin de réaliser un bon due dilligence. Tout dépendra du temps, des moyens, mais aussi des informations disponibles. Les monographies de l’artiste, les résultats de vente, les catalogues raisonnés, les archives d’un journal ou d’une revue spécialisée,… Autant de sources potentielles.

A cet égard, le catalogue raisonné, qui est supposé répertorier un maximum d’œuvres considérées comme authentiques d’un artiste, est un outil particulièrement utile. Qu’en est-il, cependant, si l’œuvre attribuée à un peintre n’y est pas reprise ? Dans ce cas, on pourrait imaginer un engagement d’achat sous la condition suspensive de l’insertion dans le catalogue raisonné.

Les documents utiles

Lors de l’achat d’une œuvre d’art, tout document peut être potentiellement une source d’information, l’idée étant de retracer le parcours de l’œuvre depuis sa sortie de l’atelier.
Le certificat d’authenticité, idéalement rédigé de la main de l’artiste, est évidemment une source d’information éclairante.

Une ancienne facture issue d’une galerie notoirement connue pour avoir diffuser l’artiste constitue aussi une information précieuse, puisqu’elle tend à confirmer la fiabilité de la source d’origine.
Une simple lettre de l’artiste, ou d’un ami de celui-ci, au sein de laquelle l’œuvre convoitée est mentionnée est également intéressante, et généralement tout document donnant une information fiable relative à l’œuvre.

S’entourer

Source: shutterstock
Parfois, lorsqu’on n’a (trop) peu d’informations quant à une œuvre (ce qui arrive très souvent), il peut être utile de se diriger vers un expert ou un groupe d’expert.

A ce titre, les « comités » d’artiste sont supposés rassembler une série d’experts et d’ayants droits de l’artiste compétents pour débattre de l’authenticité de l’objet proposé. Enfin, les chercheurs en histoire de l’art et les scientifiques permettent également parfois de lever un doute quant à l’authenticité ou l’origine.

Si les éléments ci-dessus peuvent tous avoir une importance, la réalité du marché de l’art nous enseigne que, dans bien des cas, les informations récoltées seront faibles. C’est à ce moment-là qu’on réalise qu’investir dans une œuvre d’art, comme tout investissement, comporte une part de risque.